dimanche 3 juillet 2016

Les rêveries du dimanche #20

Bonjour !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #20 !

Le premier épisode du feuilleton ici !
Et le deuxième ici !
Le troisième ici !
Le quatrième ici !
Le cinquième ici !
Le sixième ici !
Le septième ici !




Place du Beffroi
Lucie




Ce n'est qu'en finissant de m'habiller que je me rends compte que je vais être en retard. Je saisis mon manteau et me précipite dans les escaliers. Comme je m'y attendais, la galerie est déjà bien remplie. L'exposition devrait avoir du succès.
J'entre dans la galerie et souris aux quelques personnes qui me saluent. Je me dirige vers le buffet afin de prendre quelque chose à boire lorsque Catherine surgit de derrière moi et me dit à l'oreille.
-« Ah, tu es enfin là ! Regarde..., » continue-t-elle en me montrant du doigt un homme de dos.
Je le regarde sans vraiment comprendre.
-« C'est quelqu'un qui est venu voir l'exposition, c'est un peu pour ça qu'on est ici, non ? »
Catherine lève les yeux au ciel.
-« Ce n'est pas "quelqu'un", c'est Arthur ! »
Je jette un nouveau coup d’œil à mon amie, histoire d'être sûre qu'elle ne plaisante pas, mais son air sérieux m'interdit tout doute.
-« Qu'est-ce que tu attends ? Vas le voir !, » m'encourage Catherine.
-« Pourquoi ? On ne peut pas le laisser tranquille ?, » je ronchonne. « Et puis, qu'est-ce que je vais lui dire ? »
Mon amie hausse les épaules.
-« Ce que tu veux. N'importe quoi. Allez, vas-y !, » dit-elle en me poussant légèrement vers Arthur.
Je pousse un soupir inaudible et m'avance. Tout en franchissant les quelques mètres qui me sépare d'Arthur, je réfléchis rapidement aux premiers mots que je vais lui adresser. Arrivée derrière lui, je pose ma main sur son épaule, tout en regrettant aussitôt mon geste. C'est beaucoup trop familier, pourquoi ai-je fait ça ? Arthur se retourne, l'étonnement se peignant sur son visage. Je ne suis visiblement pas celle qu'il pensait trouver.
-« Je ne m'attendais pas à vous voir ici », dis-je en essayant de ne pas sourire.
Je vois bien que, devant moi, Arthur se creuse la tête afin de trouver quoi me répondre. Je n'ose pas le regarder dans les yeux tandis que lui, de son côté, ne s'en sort pas mieux. Au bout d'un silence qui me semble durer un siècle, il ouvre enfin la bouche, malheureusement tout ce qui en sort est un "ah" qui me laisse dubitative durant quelques secondes. Je souris avant d'expliquer.
-« Catherine m'a dit que vous étiez là. Je viens d'arriver. »
J'ai presque l'impression de m'excuser, comme si j'étais en retard à un rendez-vous. Je vois Arthur m'observer, toujours sans parler. Cherchant quelque chose à dire, je lui demande :
-« Alors, vous aimez la photographie ? »
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, il a l'air surpris. Pourtant s'il est venu ce soir, c'est bien pour l'art, non ? À moins que... Non. Je chasse cette pensée de ma tête. Il n'est certainement pas venu ici pour moi.
-« Celle-là, oui », dit-il avec un geste de la main en direction des cadres accrochés aux murs.
-« Je n'ai pas vraiment pris le temps de regarder l'exposition en détail », je concède avec un sourire.
Maintenant que nous sommes bien lancés, je l'entraîne autour de la salle d'exposition. Je lui critique, à grand renfort de gesticulations, mes photographies préférées. Je pourrais continuer pendant des heures, mais Arthur prend soudain la parole.
-« Et si on sortait ? »
Je stoppe mon explication et regarde autour de moi, sans vraiment savoir ce qui me pousse à faire ça.
-« D'accord. »
Après tout, ce n'est pas une mauvaise idée. L'atmosphère de la galerie est devenue étouffante et une petite marche dehors ne me fera pas de mal.
Une bouffée d'air frais m’accueille une fois la porte refermée derrière nous. Bien qu'il ne soit que huit heures et demi, les rues sont presque vides.
-« C'est étrange, » dit soudain Arthur, « j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulé depuis ce matin. »
Sa réflexion me fait rire. Je ne partage pas vraiment son avis.
-« Moi, j'ai plutôt le sentiment que tout c'est passé très vite. »
C'est la vérité. Je n'ai pas vu le temps passer et les événements de ce matin auraient très bien pu se produire une heure auparavant. Profitant du ciel sans nuage, je lève mon regard vers la voie lactée. Une question me trotte néanmoins dans la tête et finit par franchir mes lèvres.
-« Je voulais savoir, qu'est-ce qui t'as vraiment poussé à venir vers moi au bar ? »
Je ne sais pas ce qui m'a poussé à tutoyer Arthur, mais je décide de ne pas me reprendre.
-« Eh bien, » commence-t-il doucement, « je ne te connaissais pas. Tu étais un nouveau détail dans ma routine du samedi matin. De plus, je voulais vraiment savoir ce que tu dessinais. Et puis... » Je le vois douter. « Et puis, tu es jolie. »
Je ne m'attendais pas du tout à ça et je m'arrête brusquement. Je sais que je suis en plein milieu de la route. Je m'en fiche. Ce n'est pas ce qui compte en ce moment.
-« C'est vrai ? » Je demande en me tournant vers lui. « C'est pour ça, et pas pour de "la curiosité mal placée" que tu t'es levé ? »
Je veux être sûre. Je veux savoir.
-« Oui. Oui, c'est ça. Je ne l'ai pas dit parce que je ne voulais pas être trop... insistant. » Il lève les yeux, comme s'il cherchait ses mots. « Et toi ? Pourquoi t'es-tu retournée ? Pourquoi n'es-tu pas partie ? »
Je regarde Arthur dans les yeux.
-« Parce que tu as parlé de maladresse, tu as dit « mais pourquoi suis-je aussi maladroit ? » ou quelque chose comme ça, tu te souviens ? Et la maladresse, ça me connaît. »
Il sourit à ma dernière phrase. La température s'est refroidie et je sens un frisson me traverser. Arthur me prend mes mains dans les siennes, geste qui me surprend, mais je ne laisse rien paraître. Ses mains sont chaudes.
-« J'ai froid », dis-je inutilement.
Je ne sais pas ce que ces deux mots amorce chez Arthur, mais après deux petites secondes, ses lèvres finissent contre les miennes. Il se reprend vite et nous nous séparons. Arthur baisse les yeux et se plonge dans la contemplation de ses chaussures. Je ne veux pas lui donner de faux espoirs et articule, la bouche vaguement pâteuse.
-« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. On se connaît à peine et puis, je viens de sortir d'une relation compliquée et je ne crois pas avoir envie de d'en commencer une autre. »
-« Je... », bégaie-t-il, « je comprends. Je comprends ce que tu peux ressentir, enfin je crois. »
Je lui souris une dernière fois avant de retourner vers la galerie. Ce n'est qu'après quelques mètres que je l'entends me crier :
-« Merci ! »

FIN


I Found (Amber Run)
(Cover sur ma chaîne YouTube !)


Et si vous voulez écouter le texte....



A bientôt !

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