dimanche 3 avril 2016

Les rêveries du dimanche #13

Bonjour !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #13 !

A partir d'aujourd'hui, un feuilleton démarre !




Place du Beffroi
Arthur




Mon café noir est en train de refroidir. Mais ça, ce n'est pas ce qui me tracasse. Quoique ce ne soit pas le mot juste. Ça ne me tracasse pas, non... C'est autre chose.

Je viens au Bar du Clocher tous les samedis.
J'arrive vers 9h-9h30 et je commande invariablement un café noir - sans sucre, sans lait, merci - et un pain aux raisins. Je mange et bois lentement, en regardant les passants et les visages familiers de la place du Beffroi.
Je suis tranquille, c'est ma pause. Je vois les mêmes visages, ça me détend. A midi et demi, la patronne, Marie-Louise, m'apporte une de ses gigantesques omelettes avec un autre café. Tous les samedis, la même routine, mais je ne m'en lasse pas. Il y a toujours de nouvelles conversations à surprendre, de nouveaux regards à croiser et de nouveaux gestes à décoder.

Ça y est, je viens de trouver ce qui cloche : deux tables plus loin, à ma gauche, se tient une inconnue. Elle écrit ou dessine quelque chose dans un carnet, bien qu'elle relève souvent la tête. Ses cheveux noirs lui cachent un peu le visage et ses yeux brillent derrière de larges lunettes. A vue de nez, je lui donne trente ans. Pendant dix à quinze minutes, je la regarde à la dérobée. Puis je ne sais pas ce qui m'arrive, ça me prend soudain : je me lève et vais la voir.

-"Bonjour mademoiselle, excusez-moi..."
Elle lève vers moi de grands yeux bleus, un peu rêveurs, mais décidés.
-"Oui ?"
A présent, je vois qu'elle dessine au crayon à papier. Je me sens gauche et un peu fébrile.
-"Je vous ai remarqué, tout à l'heure et je voulais savoir ce que vous dessiniez."
Elle fronce les sourcils et commence à ranger ses affaires. Je me rends compte que ma phrase n'était pas très habile. Je tente de rattraper ma cause.
-"Non, non, attendez ! Ne le prenez pas mal, c'est juste...euh... De la curiosité mal placé."
Elle arrête son geste et me regarde, les yeux écarquillés, avant de me tourner le dos.

Mais qu'est-ce que j'ai dit ? Qu'est-ce que j'ai bien pu dire ?
Je me passe la scène dans ma tête pour essayer de trouver ce que j'ai dit de travers. La curiosité mal placé ! Bien sûr, quel idiot !
-"Je... Je suis désolé", dis-je. "Pardonnez-moi..."
Elle ne réagit pas. Je marmonne dans ma barbe d'un ton rageur :
-"Mais pourquoi est-ce que je suis aussi maladroit ?"

Et soudain, l'inconnue se retourne, comme si ma phrase l'avait décidée.
-"Si vous y tenez... C'est pour un projet sur le thème "vie quotidienne". C'est mon idée", dit-elle sur la défensive.
Je lui souris et tourne le carnet vers moi.
On reconnaît facilement la place du Beffroi, les immeubles et petites boutiques qui la composent, ainsi que le café. Mais ce qui fait la particularité de ce qui pourrait n'être que des croquis classiques est que son auteure n'a pas figé les personnages. Ils sont tous légèrement flous et leurs visages ne sont presque pas travaillés. Ce sont juste quelques ombres à moitié effacées au mouchoir en papier.
-"C'est...", je commence.
-"Ce n'est pas encore terminé", ajoute-t-elle, légèrement agacée.
-"Mais c'est beau", je murmure.


La suite : Dimanche prochain...

Rue de Ménilmontant (Camille)
(Cover par... moi (!), sur ma chaîne YouTube !)


Et si vous voulez écouter le texte....



A bientôt !

8 commentaires:

  1. Très réussi ! Bonne idée le feuilleton et bonne idée de lire aussi !! Ca me rappelle quand tu étais petite à Valaine ,près de Fougères, tu allais faire la lecture à un voisin aveugle , tu t'en souviens ? ^^ C'est chouette , tout le monde peut profiter de tes récits aussi , là ! :-) Sigue, sigue mamita , si te gusta , sigue , sigue ! :-)

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  2. j'adore zoé c'est super, j'ai vue la vidéo de toi et ta maman sur youtube, j'envie un peu ton parcours de vie j'aurais tellement aimer avoir une maman comme la tienne qui ne m'envoie pas à l'école parce-que j'y ai beaucoup souffert.
    Votre relation mère fille est très belle a voir. Bisous a toutes les deux.

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    1. Merci beaucoup ! (Et désolée pour le retard...) C'est vraiment gentil à vous ! Si vous voulez, vous pouvez nous lire sur notre blog à quatre mains : http://uncoindeterrelibredecole.blogspot.fr/
      Merci encore ! ^^

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  3. Je regarde votre blog régulièrement, il est super.

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  4. Bonjour Zoé et merci beaucoup pour la lecture de ce joli texte qui a réussi à me tenir en haleine. J'avoue avoir été dérouté en première écoute par la phrase "Pendant dix à quinze minutes, je la regarde à la dérobée", associant la locution adverbiale "à la dérobée" à une dimension temporelle. Mais après réflexion et vérification, elle n'est pas justifiée et ta phrase a repris le sens que tu as parfaitement souhaité lui donné. J'aime aussi la lecture pour ces moments de remise en question sur le fond et sur la forme, et je t'en remercie donc une nouvelle fois.
    Au plaisir et continue !!
    Olivier

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