Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !
Voici donc les rêveries du dimanche #20 !
Le premier épisode du feuilleton ici !
Et le deuxième ici !
Le troisième ici !
Le quatrième ici !
Le cinquième ici !
Le sixième ici !
Le septième ici !
Ce
n'est qu'en finissant de m'habiller que je me rends compte que je
vais être en retard. Je saisis mon manteau et me précipite dans les
escaliers. Comme je m'y attendais, la galerie est déjà bien
remplie. L'exposition devrait avoir du succès.
J'entre
dans la galerie et souris aux quelques personnes qui me saluent. Je
me dirige vers le buffet afin de prendre quelque chose à boire
lorsque Catherine surgit de derrière moi et me dit à l'oreille.
-«
Ah, tu es enfin là ! Regarde..., » continue-t-elle
en me montrant du doigt un homme de dos.
Je le
regarde sans vraiment comprendre.
-« C'est
quelqu'un qui est venu voir l'exposition, c'est un peu pour ça qu'on
est ici, non ? »
Catherine
lève les yeux au ciel.
-« Ce
n'est pas "quelqu'un", c'est Arthur ! »
Je
jette un nouveau coup d’œil à mon amie, histoire d'être sûre
qu'elle ne plaisante pas, mais son air sérieux m'interdit tout
doute.
-« Qu'est-ce
que tu attends ? Vas le voir !, » m'encourage
Catherine.
-« Pourquoi ?
On ne peut pas le laisser tranquille ?, » je ronchonne.
« Et puis, qu'est-ce que je vais lui dire ? »
Mon
amie hausse les épaules.
-« Ce
que tu veux. N'importe quoi. Allez, vas-y !, » dit-elle en
me poussant légèrement vers Arthur.
Je
pousse un soupir inaudible et m'avance. Tout en franchissant les
quelques mètres qui me sépare d'Arthur, je réfléchis rapidement
aux premiers mots que je vais lui adresser. Arrivée derrière lui,
je pose ma main sur son épaule, tout en regrettant aussitôt mon
geste. C'est beaucoup trop familier, pourquoi ai-je fait ça ?
Arthur se retourne, l'étonnement se peignant sur son visage. Je ne
suis visiblement pas celle qu'il pensait trouver.
-« Je
ne m'attendais pas à vous voir ici », dis-je en essayant de ne
pas sourire.
Je
vois bien que, devant moi, Arthur se creuse la tête afin de trouver
quoi me répondre. Je n'ose pas le regarder dans les yeux tandis que
lui, de son côté, ne s'en sort pas mieux. Au bout d'un silence qui
me semble durer un siècle, il ouvre enfin la bouche, malheureusement
tout ce qui en sort est un "ah" qui me laisse dubitative
durant quelques secondes. Je souris avant d'expliquer.
-« Catherine
m'a dit que vous étiez là. Je viens d'arriver. »
J'ai
presque l'impression de m'excuser, comme si j'étais en retard à un
rendez-vous. Je vois Arthur m'observer, toujours sans parler.
Cherchant quelque chose à dire, je lui demande :
-« Alors,
vous aimez la photographie ? »
Contrairement
à ce à quoi je m'attendais, il a l'air surpris. Pourtant s'il est
venu ce soir, c'est bien pour l'art, non ? À moins que... Non.
Je chasse cette pensée de ma tête. Il n'est certainement pas venu
ici pour moi.
-« Celle-là,
oui », dit-il avec un geste de la main en direction des cadres
accrochés aux murs.
-« Je
n'ai pas vraiment pris le temps de regarder l'exposition en détail »,
je concède avec un sourire.
Maintenant
que nous sommes bien lancés, je l'entraîne autour de la salle
d'exposition. Je lui critique, à grand renfort de gesticulations,
mes photographies préférées. Je pourrais continuer pendant des
heures, mais Arthur prend soudain la parole.
-« Et
si on sortait ? »
Je
stoppe mon explication et regarde autour de moi, sans vraiment savoir
ce qui me pousse à faire ça.
-« D'accord. »
Après
tout, ce n'est pas une mauvaise idée. L'atmosphère de la galerie
est devenue étouffante et une petite marche dehors ne me fera pas de
mal.
Une
bouffée d'air frais m’accueille une fois la porte refermée
derrière nous. Bien qu'il ne soit que huit heures et demi, les rues
sont presque vides.
-« C'est
étrange, » dit soudain Arthur, « j'ai l'impression
qu'une éternité s'est écoulé depuis ce matin. »
Sa
réflexion me fait rire. Je ne partage pas vraiment son avis.
-« Moi,
j'ai plutôt le sentiment que tout c'est passé très vite. »
C'est
la vérité. Je n'ai pas vu le temps passer et les événements de ce
matin auraient très bien pu se produire une heure auparavant.
Profitant du ciel sans nuage, je lève mon regard vers la voie
lactée. Une question me trotte néanmoins dans la tête et finit par
franchir mes lèvres.
-« Je
voulais savoir, qu'est-ce qui t'as vraiment poussé à venir vers moi
au bar ? »
Je ne
sais pas ce qui m'a poussé à tutoyer Arthur, mais je décide de ne
pas me reprendre.
-« Eh
bien, » commence-t-il doucement, « je ne te connaissais
pas. Tu étais un nouveau détail dans ma routine du samedi matin. De
plus, je voulais vraiment savoir ce que tu dessinais. Et puis... »
Je le vois douter. « Et puis, tu es jolie. »
Je ne
m'attendais pas du tout à ça et je m'arrête brusquement. Je sais
que je suis en plein milieu de la route. Je m'en fiche. Ce n'est pas
ce qui compte en ce moment.
-« C'est
vrai ? » Je demande en me tournant vers lui. « C'est
pour ça, et pas pour de "la curiosité mal placée" que tu
t'es levé ? »
Je
veux être sûre. Je veux savoir.
-« Oui.
Oui, c'est ça. Je ne l'ai pas dit parce que je ne voulais pas être
trop... insistant. » Il lève les yeux, comme s'il cherchait
ses mots. « Et toi ? Pourquoi t'es-tu retournée ?
Pourquoi n'es-tu pas partie ? »
Je
regarde Arthur dans les yeux.
-« Parce
que tu as parlé de maladresse, tu as dit « mais pourquoi
suis-je aussi maladroit ? » ou quelque chose comme ça, tu
te souviens ? Et la maladresse, ça me connaît. »
Il
sourit à ma dernière phrase. La température s'est refroidie et je
sens un frisson me traverser. Arthur me prend mes mains dans les
siennes, geste qui me surprend, mais je ne laisse rien paraître. Ses
mains sont chaudes.
-«
J'ai froid », dis-je inutilement.
Je ne
sais pas ce que ces deux mots amorce chez Arthur, mais après deux
petites secondes, ses lèvres finissent contre les miennes. Il se
reprend vite et nous nous séparons. Arthur baisse les yeux et se
plonge dans la contemplation de ses chaussures. Je ne veux pas lui
donner de faux espoirs et articule, la bouche vaguement pâteuse.
-« Je
ne crois pas que ce soit une bonne idée. On se connaît à peine et
puis, je viens de sortir d'une relation compliquée et je ne crois
pas avoir envie de d'en commencer une autre. »
-« Je... »,
bégaie-t-il, « je comprends. Je comprends ce que tu peux
ressentir, enfin je crois. »
Je
lui souris une dernière fois avant de retourner vers la galerie. Ce
n'est qu'après quelques mètres que je l'entends me crier :
-« Merci ! »
A bientôt !
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