dimanche 24 janvier 2016

Les rêveries du dimanche #5

Bonjour !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #5 !



Deux filles




Claire arrive dans vingt minutes et je n'ai même pas encore terminé de préparer notre buffet. Il faut encore que je cuisine le guacamole et que j'épluche les deux grenades qui m'attendent sagement sur le comptoir. Avec mon amie Claire, nous nous retrouvons, chez moi ou chez elle, tous les vendredis soirs pour parler et échanger sur notre semaine autour d'un buffet maison. Je m'appelle Ambre et je suis étudiante en médecine médico-légale. Mon amie Claire s'est mise en tête, après un master d'anglais, d'écrire un roman. En attendant, elle est serveuse au restaurant du coin tandis que moi, en parallèle de mes études, je suis caissière à mi-temps au cinéma du quartier.
Je viens juste de jeter les derniers restes d'épluchures de grenade quand on sonne. J'ouvre et Claire entre, de grosses cernes sous les yeux.
-Tu ne devineras jamais ce que Geneviève vient de faire !
Je tiens à préciser ici que Geneviève est l'héroïne principale du roman de Claire afin d'éviter un futur quiproquo.
-Qu'est-ce que Geneviève a donc fait ?, demande-je en finissant de mettre le couvert.
-Elle a sauté dans sa voiture et est allée rejoindre Danny ! Je n'avais pas du tout prévu ça ! J'ai du réécrire tout mon...
-Attends, la coupe-je. Comment ça tu n'avais pas prévu ça ? C'est toi l'écrivain, non ?
-Oui, mais des fois... Mon dieu, c'est toi qui a fait ce guacamole ?, s'interrompt-elle en enfournant un autre toast.
Je lève les yeux au ciel.
-Oui. Et ce guacamole est mon chef d'oeuvre, alors vas-y doucement. Allez, tu disais...
-Je disais que des fois, c'est comme s'ils étaient vivants.
-Et des fois, c'est comme si tu étais un peu folle, dis-je en me moquant.
-Oh, tu peux parler ! - Claire s'est maintenant attaquée aux olives - Au moins, moi, je ne considère pas le fait de passe sa vie dans une morgue comme un métier d'avenir.
L'une des nos occupations préférées, à Claire et moi, est de nous titiller joyeusement sur nos métiers respectifs. Claire est particulièrement habile à cet exercice, qui finit souvent en crises de rire. Mais je ne suis pas en reste et les déboires de Claire avec ses personnages ou son intrigue restent une source de discussions intarissables. De plus, Claire écrivant sur les aventures de la détective Geneviève Coleman, mes connaissances médico-légales lui sont parfois bien utiles.
-Tu sais que j'ai croisé Nathan dans la rue, hier ?, dis-je à Claire.
-Vraiment ?, demanda-t-elle en se penchant, l'air très intéressé.
Nathan est l'amie du frère de Claire, dont elle est secrètement amoureuse depuis un bon bout de temps !
-Oui, je sortais pour ma pause déjeuner quand je suis tombée sur lui.
-Et, il (je sais très bien ce que Claire a derrière la tête, même si elle fait semblant d'hésiter) t'a parlé de moi ? Je veux dire, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus, depuis Noël chez Bob.
-Eh bien...
Claire est à présent pendue à mes lèvres.
-Il m'a dit de te passer le bonjour et...
Les joues de Claire sont en train de se colorer d'un joli rose soutenu.
-Et il se demandait s'il pouvait passer vendredi prochain. Je lui ai dit qu'il n'y avait aucun problème.
Claire me regarde fixement, comme si elle s'inquiétait de ma santé mentale.
-Tu es au courant, dit-elle enfin, qu'on s'était dit "pas de garçons" pour les soirées du vendredi ?
-Oui, mais on peut bien faire une exception.
Je hausse les épaules. Claire soupire et imite mon haussement d'épaules.
-Puisque c'est comme ça, dit-elle en sortant son téléphone, je suppose que tu ne vois pas d'inconvénient à ce que j'invite ce charmant Charlie ?
-Non, arrête !
J'essaie de lui prendre le portable des mains, mais impossible.
-Trop tard !, sourit Claire. Allô, Charlie ?
Charlie est dans le même cours que moi, je le trouve sympathique... Bon d'accord, il est mignon et je n'ai jamais osé lui parler. Mais ça ne devrait pas tarder à s'arranger, vu comment Claire a pris les choses en main.
-Bon, dis-je une fois que Claire a raccroché. Finalement...
-Finalement, Charlie vient, Nathan vient et vendredi prochain s'annonce...
-Enthousiasmant !
-Épatant !
-Charmant !
-Formidable !
-Sexy !
-Fantastique!
-Remarquable !
Claire approuve et lève son verre.
-Santé !
-Santé !
Et nous éclatons de rire.


River (Ibeyi)





A bientôt !


dimanche 17 janvier 2016

Les rêveries du dimanche #4

Bonjour !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #4 !



L’œil de la lunette




L'homme s'assoit sur une chaise, un sandwich à la main. Il a laissé la porte ouverte et les dernières lueurs du jour viennent jouer avec les grains de poussière qui s'élèvent dans l'air. L'homme rit de les voir virevolter comme des graines de pissenlit. L'homme mange tranquillement son sandwich, s'interrompant parfois pour regarder de loin la lunette de presque six mètres de long qui pointe vers le ciel. Il se lève soudain pour ouvrir le coupole du toit de l'observatoire. Quand il accomplit ce geste familier, il a toujours l'impression de tendre la main aux ténèbres, de les inciter à se poser sur le ciel. Dans deux heures, quand la nuit sera bien tombée, il pourra admirer les splendeurs de la nuit. Mais en attendant, il feuillette distraitement un livre posé sur la table près de la porte ou il met le nez dehors pour caresser un chat errant.
Cet homme s'appelle Gabriel, il est scientifique spécialisé en astronomie et passionné depuis très petit par les pulsars, ces étoiles à l'agonie qui balaient l'univers d'ondes radio, à la manière d'un phare. Il pense sûrement, dans son observatoire perdu au fin-fond du Puy de Dôme, à toutes les merveilles que la nuit lui réserve.
Il pense sûrement à l'incroyable chance qu'il a, de pouvoir voir et comprendre plus loin que les étoiles. Pendant qu'il règle ses instruments, l'obscurité envahit la campagne environnante. Gabriel ferme la porte, enfile un deuxième pull et se concentre sur son étoile, la première qu'il ait jamais observé : Rigel, la super-géante bleue de la constellation d'Orion. Petit, il pouvait passer des heures, dans le noir, à regarder cette constellation et à prononcer les noms de ces étoiles comme une incantation : Rigel, Bellatrix, Bételgeuse, Alnitak, Alnimal, Mintaka, Rigel, Bellatrix... C'est sans doute la chose qu'il préfère : le nom des étoiles. À chaque nuit qu'il passe dans l'observatoire, il ne peut s'empêcher de les appeler doucement tandis qu'il porte son regard (et sa lunette) sur elles.
Et tandis que Gabriel fait le tour de la Voie Lactée, il pense aux générations de femmes et d'hommes qui ont, un jour, levé la tête et éprouvé ce sentiment unique d'appartenir à un tout gigantesque et beau. Cette sensation qui vous emplit le ventre d'un coup de toute la beauté, la complexité et l'immensité de l'univers.
Cette sensation qui vous murmure de vous mettre debout et du bout des doigts, d'aller toucher les étoiles.


Un grain de poussière (Jacques Higelin)




Cette rêverie et (particulièrement) sa dernière phrase sont un hommage à Moka et à son livre "Un phare dans le ciel" qui est sans aucun doute un de mes livres préférés ! La dernière phrase du livre de Moka est ; "Et tout le monde vit que, du bout de ses doigts, il touchait les étoiles."


A bientôt !

lundi 11 janvier 2016

Les rêveries du dimanche #3

Bonjour !

Tout d'abord, j'espère que vous avez tous passé d'excellentes fêtes de fin d'année !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #3 !



Petite Meg




Le ronronnement, puis le cliquetis caractéristique de la chaudière me réveille. J'ai du m'endormir dans mon fauteuil, encore une fois. Je regarde ma montre : 21 h 32. La nuit est tombée. Je saisis les accoudoirs de mon fauteuil et me lève. Ma hanche émet un court craquement sec, je sursaute et manque de retomber assis. La situation est assez ridicule. Ce n'est pas toujours drôle d'être vieux, et puis, je voudrais bien vous y voir ! Je me dirige vers la cuisine, juste au moment où Meg rentre des courses, deux gros sacs à la main. Elle les pose sur la table et me regarde attentivement avant de déclarer :
-Papi Art, tu t'es encore endormi dans ton fauteuil ! Tu ne vas pas dormir de la nuit !
Quand elle s'agace, ma petite-fille me fait immanquablement penser à sa mère, Isobel. Elles ont le même physique avec de courts cheveux blonds et une tendance pour les gourmandises, ce qui les rend rapidement rondouillettes. Meg semble lire dans mes pensées et dit encore :
-Et ne dis pas que je ressemble à Maman quand je m'agace !
-Tu as oublié mon café, je grommelle en fouillant dans le sac.
Meg fronce les sourcils et vérifie ses achats.
-En effet, admet-elle.
-J'irais m'en chercher, je déclare.
-Ah non ! Papi Art, on s'était mis d'accord sur le fait que tu ne conduirais plus.
Depuis que j'ai voulu éviter un lapin et ai fini dans le fossé en allant à la ville, Meg ne me laisse même plus approcher le côté conducteur de notre vieille guimbarde. Je regarde encore les achats de ma petite-fille et m'étonne :
-Cinq pots de lemon curd !? Mais qu'est-ce que tu va bien pouvoir en faire ?
-Je vais m'en régaler, qu'est-ce que tu crois ?, me rétorque-t-elle.
Meg est gourmande, j'ai eu le temps de le remarquer : ça fait presque vingt ans qu'elle vit chez moi ! Vingt ans depuis que mon Isobel s'est éteinte dans ce stupide accident d'avion. Vingt ans depuis que sa boule d'énergie de fille est venue vivre chez son "Papi Art". Mais même en vingt ans, cinq pots de lemon curd d'un coup, c'est une première ! Pendant que je l'observe, Meg fait réchauffer le risotto d'hier. Je mets la table, puis j'allume le feu dans la cheminée tout en bougonnant dans ma barbe contre les allumettes trop humides ou le bois trop sec qui brûle trop vite. 
Une fois le repas terminée, Meg va se chercher une tartine de lemon curd et me dit solennellement : ---Papi Art, il y a quelque chose d'important dont je voudrais te parler.
Je sens à son ton qu'une plaisanterie ne serait pas de mise.
-Vas-y. Tu n'as pas besoin de faire de secrets avec moi.
Meg s'installe un peu mieux dans son fauteuil et commence :
-Tu te souviens de mon amoureux, Sam ?
-Bien sûr. Tu l'avais invité à dîner. Et puis, tu dors souvent chez lui, tu crois que je pourrais l'oublier ? Pourquoi - une pensée me vient d'un coup - il veut te quitter ?
-Quoi ? Non, non..., Meg rit. Au contraire...
-Tant mieux, la coupe-je. C'est un bon gars.
-Bon, je peux te dire ce que j'ai à te dire, oui ?, s'impatiente Meg.
-Oui, oui. Bien sûr, vas-y.
-Papi Art, je... Enfin, Sam... Nous... Je suis enceinte.
Je ne l'avais pas vu venir celle-là ! Ma petite-fille, enceinte ! En même temps, et en réfléchissant mieux, ça explique les cinq pots de lemon curd... Et puis, Meg s'est récemment acheté une nouvelle garde-robe, ce qui ne lui arrive pas souvent. Maintenant que je sais ce qui se passe, une foule de petits détails me reviennent : ses petits casse-croûtes au beau milieu de la journée (ou de la nuit) ; ses longues conversations au téléphone le soir avec Sam, quand elle est là ; ses interrogations sur les prénoms et leurs sonorités...
-Eh bien, dis-je finalement, voilà ce qu'on appelle une surprise !
-Tu n'es pas..., hésite Meg.
-Pas quoi ? Pas content ?
Ma petite-fille fait oui de la tête.
-Tu plaisantes, continue-je, je suis au septième ciel ! Je crois déjà entendre les anges ! (L'humour a fonctionné : Meg rit.) Allez, viens-là, petite Meg !
J'ouvre mes bras.
-Petite Meg et le bébé, ajoute-t-elle en boudant.
-D'accord, je souris. Petite Meg et le bébé.


En Cloque (Renaud)




A bientôt !

dimanche 10 janvier 2016

Message exceptionnel !

Oyez, oyez !

Suite à un léger retard d'écriture de la dénommée Zoé Herzine, la publication de l'article de notre nouvelle catégorie hebdomadaire "Les rêveries du dimanche" sera effectuée demain à la première heure !

A bon entendeur, salut !

...Et à demain !



dimanche 3 janvier 2016

Les rêveries du dimanche #2

Bonjour !

Tout d'abord, j'espère que vous avez tous passé d'excellentes fêtes de fin d'année !

Tous les dimanches, nouvelle publication d'un récit (en langue française) d'un jeune romancier français, ou plutôt une jeune romancière française puisqu'il s'agit de moi : Zoé Herzine Hoibian-Labonne.
Je vous rappelle que j'ai 16 ans, que je suis instruite en famille pour le moment depuis 10 ans et que j'ai pour passion la lecture et l'écriture. Me voici donc apprentie écrivain de langue française. Vous pourrez me lire chaque dimanche dans mon récit de jeune romancier français en herbe !

Voici donc les rêveries du dimanche #2 !



Les sens du renard




Il s'arrête. Il sent les effluves d'odeur qui lui arrivent par à coup. Le renard sait bien que c'est une forêt. Il y a l'odeur, lointaine, mais bien vivace, des feuilles mortes, de l'humus frais et ce mélange inimitable de pourriture et de sécheresse. Il y a le froid brut des troncs que le soleil de midi n'a pas pu réchauffer. Il y a l'odeur lointaine, furtive, d'un écureuil. Le parfum âcre des poils et la senteur attirante du sang chaud. Il y a les bruissements, les piaillements, les hurlements, les gémissements, les craquements, les grincements, tous ces bruits qui assaillent ses oreilles. Il y a le minuscule vrombissement qu'il sent sous ses coussinets.
Peut-être sont-ce les insectes qui s'agitent. Peut-être sont-ce les racines des arbres qui poursuivent leur lente exploration du sol. Peut-être est-ce la multitude d'êtres vivants qui s'accaparent dans l'immensité ombragé des arbres.
Il n'y a pas besoin d'être près. Près, ce ne serait pas pareil. Trop d'informations parviendrait au renard. Alors, il ignorerait. Il ignorerait ce qu'il peut sentir, voir, goûter, même. Il ignorerait cette saveur douceâtre qui lui arrive en plein museau, poussé par le vent. Il ignorerait qu'il y a des champignons encore un peu frais, des baies écrasées par les sangliers, des ronciers impénétrables où se régalent les oiseaux et les rongeurs. Mais le renard n'ignore pas. Alors il sait. Il sait que malgré le manque d'hospitalité des hautes ramures, il y a là de quoi se nourrir. Il sait que malgré les feuilles sèches qui le trahiront, il pourra chasser.
Mais il le sait aussi parce qu'il le voit, ça, le renard. Il voit l'ensemble des arbres, agglomérés au point qu'ils semblent ne former qu'un gros buisson. Il voit les feuilles mortes qui s'élèvent au gré du vent. Il voit les branches presque nues, secouées et bringuebalées.
Le renard est loin. Mais il voit. Il sent. Il flaire. Il goûte. Il sait. Alors, il s'approche.


Riverside (Agnes Obel)




A bientôt !